“Jadis un faiseur de fagots sa femme et ses enfants habitaient à l’orée d’une forêt profonde. Dans le pays où ils vivaient certains racontaient que tout au fond du bois …” L’auteur nous emmène dans un temps qui pourrait être un certain moyen âge dans les anciennes forêts denses de nos contrées européennes à travers l’aventure d’un petit être qu’on appelle Cymagloum… Cymagloum le Moglop. une de ses particularités ? … car il en a plusieurs… Il court très vite… mais alors vraiment très, très vite ! Ainsi personne ne peut réellement bien le voir… et pourtant il existe bel et bien, caché quelque part jamais très loin des hommes mais un jour… ou plutôt une nuit…
Il s’imprègne encore un peu des sons produits par ceux qui jamais ne quittent la terre ferme. Ces sons si familiers, des verres, des tasses, des couverts qui s’entrechoquent et se fondent dans le brouhaha des voix, ces sons qui jamais ne connaîtront cette sensation d’être au dessus du gouffre. Le gouffre des profondeurs. Le marin appuyé au comptoir plonge ses pensées dans le noir du café puis le porte à ses lèvres, doucement, chaque gorgée absorbée le rapproche des flots, le rapproche des grands silences étourdissants de ces étendues d’eau à perte de vue qui jamais ne s’arrêtent. Pas de terre, ni de côtes à l’horizon… que l’immensité liquide, humide, brûlante, salée, glacée… terrifiante. Et pourtant, il faut y retourner. Il pose sa tasse, paye et se lève, saluant silencieusement ceux qui savent et sort. L’air marin du petit matin pique son visage… et maintenant quittons la terre.
Il y a fort longtemps, la mer méditerranée et l’océan se rejoignaient jusqu’aux pieds des châteaux pour se fondre dans la Loire, la Vienne et tous les cours d’eau qui font de cette vallée un lieu particulier, transportant ainsi jusqu’à elle, des bateaux de toutes sortes, caravelles, frégates, navires marchands, navires pirates, pirogues et compagnie.
Les géants, ligériens depuis des temps immémoriaux… les accueillirent avec bonhomie car contrairement à ce que l’on dit, les géants sont pacifistes, ils ont juste des attitudes qui dues à leur taille peuvent, parfois, provoquer la terreur des hommes.
Tout ceci est une question d’habitude. Ces êtres tranquilles qui se délectaient les pieds dans l’eau de la Loire, aux heures chaudes, et qui en quelques minutes pouvaient vous bâtir un château, vous creuser un trou immense dans la roche ou vous agrandir une rivière jusqu’à lui faire toucher la mer, se prirent au jeu d’aider les humains.
Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi dans cette histoire de castels qui poussent tout au long de la Loire comme des champignons…personne n’explique réellement leur construction soudaine. Il y a bien les autochtones, les prisonniers de guerres, et tout ceux dont on ne parle pas… mais cela ne suffit pas. Il n’y a pas assez de traces dans cette histoire de chantiers menés tambour battant d’un bout à l’autre de la Loire… et si cela a été… pourquoi n’en parler qu’à demi-mot… tout simplement les géants étaient là pour aider les humains et finalement tout se passait très bien, la preuve en est, il n’y a pas un recoin de Loire qui n’a pas son château… des plus grandioses aux plus petits, parfois cachés au fond des forêts et des vals.
Ainsi cette histoire est vraie mais elle n’est pas relatée comme il se doit. Allons ! Un peu de sérieux. Mais nous sommes dans une fable et une fable n’a pas de codes… sauf celui de son auteur.
Allons donc gaiement sur le chemin gambader dans les prés au milieu des vaches qui paissent tranquilles l’herbe fraîche pendant que la vachère s’est endormie à l’ombre d’un noyer devant la Vienne qui coule paisible en contre bas du vieux château où la Jeanne aurait pointé son nez. Allons main dans la main zigzaguant entre les corps des géants endormis eux aussi… profitant du petit air frais envoyé par les feuilles des saules , des noisetiers et des noyers dans la torpeur silencieuse de l’été.